
Dans son édition du 22 juin Koha Ditore, journal fondé par Veton Surroï – jadis l’un des porte-paroles officieux de l’UCK mais depuis réputé modéré – citait le ministre démissionnaire du gouvernement de Pristina, Xhelal Sveçla, selon qui “des armes ont été saisies à Zvecan, qui ont été saisies dans les locaux du politicien serbe” Aleksandar Arsenijevic.
Etudiant en droit et de formation scientifique, Arsenijevic est le président d’un nouveau parti serbe, Démocratie Serbe, qui depuis sa fondation récente a gagné en notoriété, au point d’avoir frôlé l’élection au siège de député de Mitrovica Nord aux élections parlementaires de février dernier.
Selon le directeur adjoint de la police pour la région nord, Veton Elshani, cité par Koha, la police du Kosovo aurait reçu “des informations sur la présence potentielle d’armes à un certain endroit. Elle est alors intervenue et, lors d’une opération menée dans le village de Vallaq, dans la municipalité de Zveçan, – l’une des municipalités du Nord Kosovo à majorité serbe – une importante quantité d’armes a été découverte dans deux tuyaux en plastique enterrés dans une écurie” appartenant à Arsenijevic. Lors de l’opération, “outre les unités de police compétentes, la KFOR et une unité de surveillance d’EULEX étaient présentes », indique le communiqué d’Elshani.
Or, contactés par Eurasie Express, ni l’Eulex – mission de l’Union européenne qui vise à promouvoir l’État de droit au Kosovo – ni la Kfor – la Kosovo Force de l’OTAN opérant au Kosovo depuis juin 1999 afin d’y consolider la paix et la stabilité aux termes de la résolution 1244 de l’ONU – n’ont été présentes lors de la “perquisition” au cours de laquelle des armes auraient été trouvées.
L’Eulex n’avait en effet pas de contrôleurs présents ce dimanche matin 22 juin et n’a “monitoré” l’opération qu’ultérieurement. Quant à la Kfor, elle a bien déployé une équipe de déminage à la demande de la KPS (Kosovo Police), mais “après que la cache ait été découverte, afin de sécuriser la zone si nécessaire”. Cependant, “son intervention n’a finalement pas été requise et l’équipe de la Kfor est restée en dehors de la zone inspectée par la KPS”.
Pourquoi donc le directeur adjoint de la KPS pour la région nord a-t-il menti ? Pourquoi le ministre démissionnaire de l’Intérieur du gouvernement de Pristina lui a-t-il emboîté le pas, déclarant qu’Arsenijevic, à l’extérieur du Kosovo au moment de la perquisition, serait arrêté dès qu’il franchirait la frontière administrative ? Violant ainsi le principe de justice en vigueur dans les démocraties, celui de la présomption d’innocence ?
Arsenijevic est un homme politique d’avenir et gêne beaucoup de monde, notamment à Pristina, où le premier ministre démissionnaire Albin Kurti s’évertue à empêcher la formation d’un gouvernement qui entraînerait son remplacement, car le mouvement national-populiste qu’il dirige a perdu la majorité aux dernières élections.
Ce faisant, il poursuit une politique de persécution des Serbes du Kosovo, afin de rééditer ce à quoi il a échoué lors du dernier scrutin, gagner les votes d’une population albanaise détournée des vrais enjeux au profit d’un programme ethno-nationaliste lors d’un nouveau scrutin à quoi conduira le blocage actuel.
Voyons comment l’Union européenne réagira aux provocations de Kurti. En attendant, Aleksandar Arsenijevic, qui nie ce qui lui est reproché, demande à rentrer librement chez lui au Kosovo et à avoir droit à un procès équitable.
Frédéric Saillot, mardi 1er juillet 2025