L’Union européenne face à la Chine et aux Etats-Unis : un rapport tenu secret ?

Fonds Souverain Européen pour le Futur ou Fonds Souverain pour le Futur de l’Europe ? Voeux pieux ou réalité en devenir ? Il ne s’agit pas tant de financer le développement de champions régionaux européens pour répondre à la toute puissance des GAFA-BATX américains et chinois que de doter impérativement et en toute urgence l’Europe d’un véritable outil stratégique susceptible de lui permettre d’affirmer sa souveraineté géopolitique, géoéconomique et géo-financière dans un monde en complète mutation qui écrasera d’autant plus facilement les faibles qu’ils auront refusé de se défendre. Il y a urgence à mettre en place un véritable fonds souverain européen, au service de l’Union européenne, qui viendrait utilement compléter le fonds souverain norvégien, actuellement le plus grand fonds souverain du monde.

Une étude du Sovereign Wealth Fund Institute (SWFI) publiée le 22 août 2019 pose la question de la mise en place d’un fonds souverain par l’Union européenne.[1]

L’Europe en général et l’Union européenne en particulier doivent faire face à l’impérieuse nécessité de prendre enfin en compte la protection des intérêts européens majeurs aussi bien en matière de technologies avancées que d’approvisionnement et de maîtrise de leurs ressources en hydrocarbures.

Si l’on considère les visées prédatrices de la Turquie sur les ressources gazières considérables récemment découvertes en Méditerranée orientale (Levantine Basin, ou Bassin du Levant), et notamment celles reposant dans la ZEE de Chypre (cf.https://ahvalnews.com/east-mediterranean/greek-cyprus-rejects-turkish-cypriot-proposal-joint-hydrocarbon-committee), il est urgent de doter enfin l’Union européenne d’un outil géopolitique opérationnel avec la constitution d’un fonds stratégique européen. Il ne s’agit de rien d’autre que de se donner les moyens efficaces pour servir les objectifs de protection d’une souveraineté stratégique jusqu’à ce jour très mollement protégée par une Europe qui n’a toujours pas compris qu’elle était condamnée à sérieusement défendre ses intérêts dans tous les domaines nécessaires à sa survie économique.

En matière de ressources et d’énergie fossile, par exemple, mais aussi contre les géants du web et de l’économie digitale (les fameux GAFA américains – Google, Apple, Facebook et Amazon – et leur pendant asiatique (BATX)-, Baidu, Alibaba, Tencent et Xiaomi[2]), ou encore contre les politiques de prédation et d’entrisme économique comme on peut le voir avec la pénétration continentale des investissements chinois en Europe.

Investissements chinois en Europe

Alors que les flux d’investissement européens en Chine ont historiquement dépassé les flux sortants chinois, la tendance s’est rapidement inversée depuis 2014, tirée par les IDE (Investissements Directs à l’Etranger/FDI Foreign Direct Investment) chinois dans l’UE. En 2016, les nouveaux investissements chinois dans l’UE étaient quatre fois plus élevés (atteignant un record de 35 milliards d’euros) par rapport aux IDE européens en Chine (8 milliards d’euros).

Le montant total des investissements chinois en Europe, y compris les fusions-acquisitions (M & A, Mergers and Acquisitions) et les investissements en faveur des projets, représente désormais 348 milliards de dollars, et la Chine a acquis plus de 350 sociétés européennes au cours des 10 dernières années (on rappellera les acquisition de ClubMed, Pirelli, Volvo, Kuka).

Bien entendu, la part des IDE chinois en Europe, à 2,2%, reste faible par rapport aux 38% du marché américain. De même, les pays de l’UE ne détenaient que 4% du total des IDE en Chine en 2016, contre 36% du total des IDE aux États-Unis. Bien que les investissements chinois dans l’UE soient encore relativement bas, ils évoluent rapidement et augmentent à des taux de croissance sans précédent [3].

Stratégie chinoise diversifiée en Europe

Aux yeux des investisseurs chinois, l’Europe est divisée en trois zones distinctes comprenant l’ouest, le sud et l’est, en fonction des variations de la richesse économique, du progrès technologique, de la localisation géographique et du cadre institutionnel du continent. Cette vision conduit à une stratégie diversifiée d’investissements chinois en Europe, axée sur les investissements dans les principaux pays de l’UE, complétée par de grands projets de développement d’infrastructures à sa périphérie[4]même si quelques nuances méritent encore d’être apportées[5].

En Europe occidentale, les investisseurs chinois ciblent les actifs stratégiques et les réseaux de recherche-développement de l’Europe, les pays européens les plus grands et les plus riches attirant le plus grand investissement. Le Royaume-Uni (70 milliards USD en IDE chinois), l’Italie (31 milliards USD), l’Allemagne (20 milliards USD) et la France (13 milliards USD) ont représenté 75% du total des investissements chinois sur le marché de l’UE en 2017.

Dans le sud de l’Europe, les entreprises chinoises ont profité de la crise économique et de ses conséquences pour se concentrer sur un processus de privatisation à grande échelle et une restructuration après la crise. En Italie, les IDE chinois ont monté en flèche depuis 2014, avoisinant les 5 milliards d’euros (5,7 milliards de dollars), ce qui correspond à environ 10% du total des investissements chinois sur le marché boursier européen. En 2015, l’acquisition de Pirelli par la Chine a fait de l’Italie la première destination européenne des IDE chinois en Europe, donnant à la Chine l’accès à l’un des plus importants fabricants de pneumatiques du monde et une entrée sur le marché du remplacement, segment jusque récemment dominé par le principal constructeur européen et des marques japonaises.

En Grèce, le géant chinois COSCO Holdings Company a acquis une participation de 67% dans le port du Pirée, le plus grand port de passagers d’Europe. Le Pirée étant désormais considéré comme la porte d’entrée de la Chine sur l’Europe, les délais d’expédition des produits chinois ont été raccourcis d’une semaine.

En ce qui concerne les entrées d’investissements par habitant en Europe, le Portugal est devenu le principal destinataire des investissements chinois, avec des entrées de fonds de près de 9 milliards d’euros. La Chine a ciblé le Portugal au lendemain de la crise financière de 2010 en investissant dans un large éventail d’actifs stratégiques tels que l’électricité, les transports, le pétrole, les services financiers, les assurances, la santé et l’immobilier.

En Europe centrale, orientale et du sud-est, la Chine exploite la plate-forme « 16 + 1 » , qui regroupe un groupe très diversifié de membres de l’UE et de pays tiers. Dans cette région, les prix d’acquisition sont plus bas, la demande de prêts préférentiels est élevée, le capital humain est rentable et les concessions accordées aux investisseurs chinois sont simplifiées. Surtout, l’emplacement stratégique est parfait. L’Europe centrale et orientale correspond idéalement aux principaux objectifs de la Chine avec comme point d’arrivée des réseaux de transport pour l’initiative Belt and Road et les objectifs d’investissement pour une nouvelle expansion des capitaux dans l’UE. Toutefois, les investissements chinois dans la région représentent un faible pourcentage par rapport aux principaux pays de l’UE.

Perceptions européennes de l’investissement chinois

La Chine n’est pas vraiment un partenaire facile pour l’UE. Les questions controversées incluent les préoccupations concernant les droits de propriété intellectuelle, les distorsions de prix dues au dumping subventionné, les conditions inégales d’accès aux marchés, ainsi que la discrimination à l’encontre des entreprises de l’UE dans les marchés publics chinois. Il y a aussi la question de la réciprocité, où des secteurs tels que la finance, les télécoms, la logistique et les marchés publics sont réservés aux investisseurs étrangers en Chine mais ouverts aux investisseurs chinois dans l’UE. Cela amplifie l’aspect politique de l’accès asymétrique aux marchés. Le montant considérable des investissements – dont plus de 70% proviennent d’entreprises appartenant à l’État et soutenues par le gouvernement chinois – submerge et confond la capacité des décideurs politiques à évaluer l’impact sur la souveraineté et la sécurité de l’Europe.

De nombreuses économies européennes, qui ne sont pas encore complètement remises de la crise de la zone euro, ont considéré les investissements chinois comme une source de capital financier et par la suite des moyens de croissance.

Vers un fond souverain européen ?

Répondant à une préoccupation stratégique majeure, l’initiative européenne d’un Fonds Souverain Européen doté de 100 milliards d’euros dont les détails ne sont pas encore officiellement publiés – et ne le seront peut-être jamais – s’inscrit dans l’objectif de compléter la panoplie d’outils financiers dont dispose déjà l’Union européenne (monnaie avec l’Euro, banque centrale avec la BCE et surtout mécanisme de stabilisation (MSE) en la dotant d’un fonds souverain de développement stratégique (FSDS/SDSWF) [6].

Ce type de fonds souverain présente des avantages pour le pays qui y recourt, généralement en termes de défense d’industries vulnérables, de conclusion d’accords bilatéraux d’investissement, de transferts de technologie et de licences, de création d’emplois et d’une combinaison des éléments énumérés. L’urgence est désormais perçue.

L’Italie, la Pologne et la France disposent toutes de fonds souverains de développement stratégique de taille modeste. Les fonctionnaires de l’Union européenne envisagent donc de créer un fonds souverain supranational pour financer des champions industriels en Europe capables de rivaliser dans un bloc économique contre les intérêts chinois et américains. Google, Amazon et Apple, fait-on valoir, ont réussi d’importantes percées en Europe, ainsi que des entreprises d’État chinoises (SOE). Le fonds souverain serait financé par les États membres, probablement de la même manière que la Banque centrale européenne. Le plan, intitulé « Fonds européen pour l’avenir », pourrait être doté de 100 milliards d’euros. Le fonds souverain proposé acquerrait une participation à long terme dans des secteurs stratégiques pour l’Union européenne, comme le font déjà des investisseurs d’État tels que Bpifrance et CDP Equity en Italie au niveau national. Le même concept de soutien de l’État pourrait permettre d’obtenir un pouvoir financier privé par un tiers.

Il est important de noter que les projets du Fonds pour l’avenir ne font pas partie de la politique officielle de l’UE, mais constituent un projet interne visant à réfléchir aux idées visant à renforcer les économies de l’UE, dans lequel les banques européennes traditionnelles restent soumises à de graves difficultés financières, telles que Deutsche Bank AG.

Les documents du plan révélé par le site d’information Politico soulignent que les entreprises non européennes disposant de moyens financiers importants et sans précédent pourraient potentiellement “effacer la dynamique d’innovation et la position industrielle de l’industrie européenne dans certains secteurs”. En particulier, le plan décrit les géants américains de la technologie – Google (détenu par Alphabet), Facebook, Apple, Amazon et les géants chinois de la technologie – Baidu, Alibaba et Tencent Holdings Limited. Le plan observe que ces entreprises rachètent leurs rivaux potentiels et gèrent « l’agenda numérique mondial ».

Soit. Le papier ne refuse pas l’encre. Et ensuite ?

L’Union européenne a été le chef de file mondial en matière d’antitrust avec des réglementations plus strictes et de lourdes amendes pour les entreprises de technologie qui regorgent de liquidités. Le document indique que « l’Europe ne possède pas de telles sociétés », en ce qui concerne la comparaison entre les géants américains et chinois de la technologie.

Et donc ?

Fonds stratégique d’investissement ou fonds de stabilisation ? Une nécessaire combinaison.

On observera pour le bon ordonnancement des politiques à venir qu’il y aurait à notre avis grand intérêt à parfaitement définir et calibrer les objectifs dudit fonds stratégique projeté tout en adoptant un modus operandi de financement dudit fonds autre que celui recourant à la contribution des États membres, « probablement de la même manière que la Banque centrale européenne ».

On ne crée pas d’argent ex nihilo.

Idéalement, la zone euro devrait plutôt réfléchir à l’adoption complémentaire d’un fonds commun représentant quelques points de pourcentage du produit intérieur brut du bloc européen. Un fonds de stabilisation (Sovereign Stabilization Fund), complémentaire du fonds stratégique, contribuerait à stimuler les économies en difficulté, lourdement endettées et serait sans doute plus efficace que de compter sur des pays prudents sur le plan financier tels que l’Allemagne pour relancer leurs économies en pariant sur un hypothétique « ruissellement » pour qu’une partie de l’argent soit versée aux États les plus faibles.

Malheureusement, les ministres des finances ne sont parvenus qu’à convenir d’un fonds beaucoup moins ambitieux, destiné à aider les États membres à renforcer leur compétitivité en finançant leurs infrastructures et leurs réformes. L’Union européenne dispose déjà d’instruments similaires. On ne sait pas non plus d’où viendra l’argent du nouveau budget et comment il sera administré. Cela n’aurait aucun sens si les fonds étaient distribués sur la base des contributions des pays individuels. Cet argent devrait aller aux pays qui en ont le plus besoin, même si les gouvernements les plus conservateurs sur le plan financier sont sceptiques.

L’Europe doit mettre en commun ses ressources dans d’autres domaines, en commençant par exemple par un fonds destiné à aider les États membres de la zone euro à stabiliser leur économie en cas de choc. Il est préférable de laisser l’essentiel de la politique industrielle aux gouvernements nationaux, en veillant à ce qu’ils agissent au mieux de leurs intérêts.

Quelle souveraineté et avec quels moyens ?

Qualifié de fonds souverain, le « European Future Fund » est loin d’en réunir les conditions d’existence et ce pour deux raisons qui tiennent au fait que :

-l’UE n’est pas un État souverain et ne le deviendra pas dans un avenir prévisible.

-l’UE n’exploite aucune « richesse » ou ressource naturelle existante et dans les circonstances actuelles rien ne permet de penser qu’elle puisse s’en donner les moyens.

Un fonds souverain tel que celui de la Norvège (GPFN-NBIM) – qui utilise les revenus générés par ses réserves de pétrole et de gaz – dispose des ressources comme des moyens de veiller à que ces richesses ne soient pas gaspillées dans les dépenses courantes mais investies pour garantir la prospérité future. L’UE utiliserait simplement les ressources budgétaires existantes pour créer un tel fonds dans l’espoir d’attirer des fonds du secteur privé.

Toute aide aux secteurs dits stratégiques de l’Europe doit être traitée avec précaution. S’il est intéressant de lancer des initiatives communes de R & D, telles que le partenariat que la France et l’Allemagne ont mis en place pour développer les batteries de voitures électriques, la raison pour laquelle l’UE devrait intervenir pour mettre fin à la reprise d’entreprises individuelles par des sociétés étrangères est moins claire, ce qui semble être l’une des raisons au moins de la création de ce fonds. La Commission est-elle en mesure de gérer une participation dans une entreprise de technologie à croissance rapide ? Avec quels objectifs ? A quel prix l’acquisition aura-t-elle lieu ? Le risque est que moins de jeunes entreprises européennes se développent si elles craignent de ne pas pouvoir être vendues à un rival étranger bien empoché. Une entité telle que Google ne pourrait-elle pas se révéler un acheteur beaucoup plus attrayant que n’importe quel « Fonds européen pour l’avenir » ?

La Commission aborde le problème dans le mauvais sens. Plusieurs États membres – la France et l’Allemagne en particulier – ont décidé que l’Europe n’était pas un terrain fertile pour l’innovation car les entreprises ne sont pas autorisées à se développer à une taille suffisante pour rivaliser avec leurs rivales chinoises et de la Silicon Valley. Ils soutiennent que la politique de la concurrence doit être mise à jour, manière contournée pour dire qu’il faut l’assouplir. Cet argument est irrecevable. La question du financement demeure fondamentale et pourrait fort heureusement trouver une réponse pour peu qu’une véritable décision politique marquée par le souci de réellement affirmer une souveraineté soit prise.

Les paris sont ouverts…

Voilà en effet que par le truchement de son porte-parole la Commission, sans doute soucieuse de mettre un terme aux conséquences médiatiques ou aux fuites de ce “ballon d’essai”, a déclaré de manière surprenante que le document portant création ou projet de “European Future Fund” “n’a même pas été visé par la hiérarchie politique de la Commission, pas plus que par la présidente élue ou son équipe de transition”, ce qui confère en conclusion à ne lui accorder “aucun crédit”.

S’agit-il d’une sombre plaisanterie ou a-t-on affaire à des gens qui sont soucieux de réfléchir ?

Ladite Commission et sa “présidente élue”, Mme Ursula von der Leyen ont-elles bien conscience de l’existence du retard de l’Europe par rapport aux Etats-Unis en matière de financement des entreprises innovantes en matière de technologie ?

Connaissent-elles vraiment la puissance financière du fonds souverain géant chinois CIC qui, fort de ses 940 milliards de dollars d’actifs, a déjà investi plus de 20 milliards de dollars depuis 2012 dans plus de 600 entreprises américaines de technologie avancée ?

Combien de temps encore ce bricolage européen à l’image des Pieds-Nickelés qui ont pris en charge l’avenir du continent va-t-il durer , à moins qu’il ne s’agisse que d’un simple retard en attendant une annonce prochaine sérieuse en matière de stratégie destinée à protéger les intérêts économiques, financiers er industriels européens ?

Au moment où s’achève la pantalonnade du G7 auquel ne participaient pas les nouveaux poids lourds économiques du monde, l’impression persiste d’une conférence sur la sécurité militaire internationale qui se serait tenue à huis-clos entre les principautés d’Andorre, de Monaco, du Lichtenstein et de la République de San Marin à l’eclusion de la Russie, de la Chine, des Etats-Unis, de l’Inde et du Brésil. Tout cela manque gravement de sérieux.

Il est urgent de publier le rapport sur le “European Future Fund” et de le mettre en oeuvre.

Je le répète. Je suis prêt à agir.

Indications et sources :

Pour résumer une réalité un peu plus complexe, les fonds souverains, (ou sovereign wealth funds) sont des fonds d’investissement (donc concrètement, des véhicules d’investissements financiers détenteurs de capitaux) détenus par les gouvernements de différents pays qui s’en sont dotés. Ils gèrent des excédents nationaux dans un but d’investissement. Pour simplifier à l’extrême cette notion, on peut dire que ces fonds souverains sont les coffres-forts constitués par les pays qui ont mis de côté leurs excédents (recettes pétrolières ou tirées d’exportations plus diversifiés, ingénierie financière) au bénéfice des “générations futures” ou pour les “mauvais jours” (Rainy days).

Les fonds souverains répondent à trois critères :

– ils sont gérés ou contrôlés par un gouvernement national, un Etat, disposant de la souveraineté économique et financière.
– ils gèrent des actifs financiers dans une logique de plus ou moins long terme ;
– leur politique d’investissement vise à atteindre des objectifs macroéconomiques précis, comme l’épargne inter-générationnelle, la diversification du PIB national ou le lissage de l’activité économique et financière en cas de crise.

Le premier fonds souverain moderne créé, le “Koweit Investment Board”, a été le fonds du Koweït en 1953.”Moderne”, en ce sens qu’il inaugure la deuxième vague de fonds souverains qui trouvent en effet leur origine au XIXe siècle, d’une certaine manière avec la Caisse des Dépôts et Consignations en France (1816), mais surtout aux Etats-Unis d’Amérique dès 1854, avec la découverte du pétrole (Texas).

Leur apparition est dû principalement à l’accumulation des réserves de change de certains pays qui ont dépassé par une large marge les niveaux de réserve nécessaire pour protéger leurs monnaies nationales contre un risque d’attaque spéculative.

On peut dire que l’objectif commun de tous ces fonds est également un soucis de transférer de la richesse aux générations suivantes.

La France dispose de son fonds souverain. Elle est même l’un des rares pays européens à disposer de son propre fonds souverain. Il s’agit du fonds stratégique d’investissement, crée en 2008 et intégré à Bpifrance depuis 2013. Son objectif : investir dans des actifs pour soutenir activement les PME, les ETI et les grandes entreprises stratégiques

En 2019 il y aurait au moins 92 véritables fonds souverains dans le monde pour un montant global d’environ 8000 milliards de dollars (AUM ou Assets (actifs) Under Management).

Renaud Bouchard, mardi 27 août 2019

Article publié sur la page Agoravox de Renaud Bouchard – https://www.agoravox.fr/auteur/renaud-bouchard – reproduit par Eurasie Express avec le consentement de l’auteur

[1]Could the European Union Make its own Sovereign Wealth Fund ? SWFI, 08/22/2019 https://www.swfinstitute.org/news/74656/could-the-european-union-make-its-own-sovereign-wealth-fund

[2]ABOUDHARAM, Claire., Qui sont les BATX, ces nouveaux GAFA asiatiques ?Les Echos-Start, 24 novembre 2017 https://start.lesechos.fr/actus/digital-technologie/qui-sont-les-batx-ces-nouveaux-gafa-asiatiques-10225.php

[3]ZENELI, Valbona., Mapping China’s Investments in Europe. The last eight years have seen a paradigm shift in Chinese investments in Europe. The Diplomat, March 14, 2019 https://thediplomat.com/2019/03/mapping-chinas-investments-in-europe/

[4]DEVONSHIRE-ELLIS, Chris, How Chinese Contractors are Winning EU Infrastructure Projects, https://www.silkroadbriefing.com/news/2019/07/23/chinese-contractors-winning-eu-infrastructure-projects/

[5] MARDELL, Jacob, Trade Infrastructure Investment or Propaganda Tool ? Berlin Policy Journal, April 10, 2019 https://berlinpolicyjournal.com/trade-infrastructure-investment-or-propaganda-tool/

[6] Bjarke SMITH-MEYER, Lili BAYER and Jakob HANKE, Exclusive : Brussels eyes €100B wealth fund for ‘European champions’.Brussels gets serious about protecting its businesses against the likes of Apple and Alibaba.Politico, 8/22/19, https://www.politico.eu/article/exclusive-european-commission-leaked-plans/