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Le ghetto serbe du Kosovo

A l’occasion des élections pour le renouvellement du parlement de Pristina, je suis retourné au Kosovo. Passé Belgrade, où se préparait l’une des nombreuse manifestations des étudiants contre un régime qu’ils qualifient de corrompu, j’ai pris le bus pour Mitrovica, traversant le paysage encaissé du sud de la Serbie, pour atteindre ce qui désormais constitue une frontière. Là, des douaniers albanais relèvent les passeports, la “Dogana” italienne de la mission internationale pas loin. Pour bien faire sentir qu’ils ont pris le contrôle des municipalités serbes du Nord du Kosovo, à chaque arrêt des petites localités, une voiture de la KPS, la police du Kosovo, stationne aux aguets. Les signalisations sont bilingues, en haut en albanais, en bas en serbe, mais en caractères latins. Une ignorance du cyrillique qui pour les Serbes constitue une discrimination manifeste. Aux alentours du carrefour de Banjska, où a eu lieu l’attaque de septembre 2023, un poste de stationnement des forces spéciales de Pristina est en cours de construction. Arrivé à Mitrovica Nord, la partie serbe de la ville, l’on voit nonchalamment déambuler la KPS sur toute la largeur de l’avenue piétonne qui descend vers l’Ibar, comme le montre la photo d’illustration. Ils ont beau se donner des allures décontractées, accompagnés parfois d’agentes souriantes, cela rend l’atmosphère pesante. Dans le bas de l’avenue, la pâtisserie albanaise “Misini” a ouvert récemment, fréquentée par une clientèle albanaise exclusivement masculine. Le café serbe “Dolce Vita”, juste devant le pont qui sépare les deux communautés, est devenu un café albanais peu fréquenté. L’on m’explique que ces commerces étaient des biens de l’Etat serbe, mis en vente par la KPA, l’Agence de privatisation du Kosovo, que Belgrade a interdit aux Serbes de racheter, car selon elle le Kosovo ne constitue pas un Etat, et la vente de ses propriétés un vol. Les élections qui me conduisent ici ont un enjeu crucial, dans le contexte de la victoire de Trump à la présidence américaine, qui rebat les cartes sur tous les points chauds de la planète, jusqu’ici dans les Balkans.

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